vendredi 22 novembre 2013

Russie : la cybersécurité et la cyberdéfense comme outils de puissance géopolitique ?

La création de deux groupes de travail, l'un concernant le secteur spatial l'autre la cyberdéfense, a été annoncée à l'occasion de la visite du ministre russe de la défense au Brésil à la mi-octobre (1). Plus complet, l'ensemble des engagements pris à l'occasion du 14ème sommet russo-indien (2) traite notamment d'échanges dans le secteur spatial et de ceux liés à la "sécurité de l'information internationale".


Une nuance syntaxique qui, si elle souligne une convergence de vues récurrente en matière de propositions pour une régulation alternative (3) du cyberespace, met cependant en lumière d'autres enjeux, potentiellement contradictoires, du moins pour l'Inde (4). La question d'une Russie forte, dont la modernisation des forces militaires (5) n'en serait que l'une des expressions les plus visibles, se pose. De plus, l'actualité internationale des derniers mois a donné à son président, Vladimir Poutine, l'opportunité de briller en engageant un bras de fer très politique à propos de la Syrie. 

Une stratégie assurément gagnante face à une administration Obama sur la défensive, affaiblie par les révélations Snowden mais aussi déterminée à clore le chapitre des opérations extérieures massives et pour le moins régionalement déstabilisatrices (6) de son prédécesseur. Et donc à ne pas se lancer dans une nouvelle aventure dont les implications seraient systémiques et sans doute imprévisibles et ce dans l'une des zones mondiales de conflagration parmi les plus notoires (Israël, Iran, Turquie, Egypte, ...).

Pour autant la Russie ne se contente pas de bouger ses pièces sur l'échiquier international, de vendre du matériel militaire performant ou de restructurer ses forces armées afin de pouvoir vraiment répondre efficacement aux tensions actuelles et potentielles (7) qui se bousculent à ses frontières. Il est d'autres domaines ou les Russes cherchent également à concurrencer les pays dits "occidentaux", en particulier sur des marchés à forte croissance, celui des puissances régionales. 

L'expertise spatiale russe, par exemple, a de solides atouts à faire valoir pour des puissances spatiales en devenir comme le Brésil ou confirmées, comme avec l'Inde (8). D'autant plus que la déferlante Snowden aura sans doute renforcé le caractère "non-aligné" ainsi que la nécessité de disposer d'une diversité de fournisseurs internationaux parmi lesquels la France ou Israël. Il n'y a donc sans doute pas lieu de s'étonner que la Russie propose ses diverses expertises comme la cybersécurité et la cyberdéfense dans le cadre d'un dialogue bilatérale stratégique.

Note : pour aller plus loin sur le sujet, se référer à l'ouvrage de référence "la cyberstratégie russe" de l'allié Yannick Harrel

(1) http://rpdefense.over-blog.com/2013/10/brazil-to-buy-russian-air-defense-weapons.html
(2) http://www.safpi.org/news/article/2013/14th-india-russia-annual-summit-statement
(3) http://si-vis.blogspot.fr/2013/07/inde-la-politique-de-cybersecurite.html
(4) http://www.journaldunet.com/ebusiness/expert/52928/et-si-l-onu-ne-cherchait-finalement-pas-a-controler-l-internet.shtml
(5) http://www.opex360.com/2012/08/14/la-russie-va-mettre-le-paquet-pour-moderniser-ses-forces-aeriennes/
(6) Afghanistan et Irak
(7) http://si-vis.blogspot.fr/2013/10/geopolitique-du-monde-en-20302040_28.html
(8) http://www.air-cosmos.com/espace/l-inde-en-route-vers-mars.html

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